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21 juin 1986. L’équipe de France de Michel Platini élimine le Brésil de Zico, Socrates et Telê Santana en ¼ de final du Mondial. Au même moment, une bande de 5 potes musiciens, âgés d’une vingtaine d’années, se retrouvent dans les rues de Nantes pour la Fête de la Musique. C’est leur premier concert ensemble. Ils s’appellent Elmer Food Beat.

Et ce premier jour d’été va sceller, dans le soleil et la bière, leur avenir musical.

C’est le bassiste de l’époque qui trouve le nom qu’on leur connaît aujourd’hui. Un sobriquet emprunté aux Looney Tunes et au chasseur Elmer Fudd qui essaie par tous les moyens d’attraper Duffy Duck et Bugs Bunny, auquel il rajoute le terme « Beat ». Ca se lit à l’anglaise mais l’ambiguïté est toute française. Trois mots qui résument bien le groupe : enthousiasme, musique et envie. Elmer Food Beat écume alors les cafés concert. Ca joue. Beaucoup. Encore. Plus fort. Ca muscle les accords.

Ca envoie du spray et l’écho se propage dans un incontrôlable bouillonnement. 

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En 1988, c’est la sortie du maxi 45 tours autoproduit « Elmer Food Beat » sur lequel on peut trouver les premières versions des désormais iconiques « Daniela » et « La Caissière de chez Leclerc ». 6000 exemplaires du vinyle et de la K7 sont vendus à la fin des concerts. Quelques produits dérivés - pas encore appelés « goodies » - sont distribués. Au delà d’un style, Elmer Food Beat est certainement l’un des premiers groupes a avoir créé le marchandising. Il comprend qu’il faut « marquer son territoire » pendant mais également avant et après un concert, au point de se professionnaliser et de créer MRM - Manou Ramirez Management - du nom du chanteur. Elmer Food Beat devient alors une petite entreprise qui – grâce à sa structuration – créé et organise la même année, sur une idée de la maman de Kelu, l’un des membres, « Les Rockeurs ont du Cœur », concert caritatif qui existe toujours et qui récolte des jouets pour les enfants défavorisés.

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2 ans plus tard, en 1990, Manou, Kalou, Twistos, Vincent et Kelu fond un bond de « 30 cm » du nom de leur premier album. Ca paraît peu mais en fait c’est énorme. Il envahit les ondes de son rock énervé et de son ton grivois. Elmer Food Beat devient le groupe français Numéro 1. Preuve qu’il devient incontournable, on ne dit plus Elmer Food Beat mais simplement Elmer, tel Led Zep qui se suffit à Led Zeppelin. Elmer devient une institution. « Daniela », « La Caissière de chez Leclerc », « La Complainte du laboureur », « Couroucoucou Roploplo » ou « Le plastique c’est fantastique », utilisé par le Ministère de la Santé pour sensibiliser au port du préservatif, deviennent des hymnes pour la jeune génération. Cela plait parce que c’est du rock alternatif. Les paroles sont explicites. C’est nouveau. C’est drôle. C’est transgressif et donc jouissif.

Très vite, à la plus grande surprise des maisons de disque, des programmateurs radio, et autres puristes du rock dit sérieux, « 30 cm » devient disque d’or (100 000 exemplaires vendus) puis double disque d’or (remis à l’Olympia après un concert à guichet fermé). En février 1991, c’est la consécration avec la Victoire de la Musique du meilleur groupe de l’année, raflée au nez et à la barbe de la Mano Negra, Niagara et autre Zouk Machine. 

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Les 3 années suivantes (1991, 1992, 1993), Elmer profite du sillon tracé par l’album « 30 cm » pour sortir un 2ème opus « Je vais encore dormir tout seul ce soir… Et je vais encore le regretter ». 150 dates de concert par an. Des tournées en France et à l’étranger où leur 3ème album « La vie n’est pas une opérette » va amener les garçons à jouer à Londres et aux Etats-Unis notamment dans le légendaire club CBGB de Manhattan, qui a vu se produire les plus grands dont Les Ramones, influence notoire du groupe.

Le disque se vend moins bien, la fatigue se fait sentir et le feu s’éteint. En 1993, Elmer Food Beat se sépare après 5 dernières dates de concert.

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Il faudra attendre 8 ans pour que le groupe se reforme, sans Kelu, mais avec Grand Lolo tout droit venu de Los Angeles. Invité par le groupe nantais EV à fêter leurs 20 ans, Elmer se reproduit sur scène. Et c’est assez pour que les fourmis se propagent dans les guitares et l’épuisette. Mais c’est l’ouverture du Zénith de Nantes en 2006, et les festivals tels que Bobital ou Poupet l’année suivante, qui exciteront comme des puce (lles) les 5 membres du groupe. Ils reprennent le chemin des studios, travaillent leurs nouveaux morceaux et sortent alors « 25 cm ». 5 cm de moins que le premier album mais une envie décuplée.

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2 ans plus tard,  c’est en « Rois du bord de mer », que les garçons reviennent avec entre autres titres « Pamela » et « Electroménager » dans leur poche kangourou. S’en suit une tournée en 2014 : 50 concerts, 60 000 personnes convaincues, 30 000 kilomètres parcourus au compteur, 1500 casquettes et 5000 disques vendus, 3600 bières bues ce qui n’est pas énorme quand on y pense. Soit une moyenne de 1 200 personnes par concert, 600 kms par date, deux personnes au km, une casquette pour 40 personnes, un disque tous les 6 kms et une bière pour 16,66666 personnes, ce qui prouve que ce n’est vraiment pas énorme.

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1 juin 2016, Elmer fête ses 30 ans soit l’âge d’un grand ado. Chaque jour est une fête. Ils ont « la vie devant eux », ils sortent « À poil les filles ». Ca parle d’amour, de filles, d’amour, de filles et surtout d’amour.

Le groupe part en tournée pour présenter au public ce dernier né et surtout, comme dirait Herbert Léonard, pour le plaisir. 51 dates et 60 000 personnes rencontrées dont 2 événements à Nantes - leur QG - et Paris.

Le 28 août 2017, Twistos, le guitariste et parolier co-fondateur du groupe, disparait d’un cancer fulgurant. L’écho est retentissant. Même Michel Edouard Leclerc, patron de la désormais célèbre caissière, se fend d’un mot de condoléances. Ca aurait pu s’arrêter là. Mais non, les potes décident de continuer. Pour lui. Pour le groupe. Pour le public. Twistos est d’ailleurs toujours présent dans les mélodies et les paroles mais aussi sur scène. Grand Lolo branche désormais aussi sa guitare sur son ampli et c’est comme s’il n’était jamais parti.

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En avril 2019, Elmer sort « Back in Beat », 6ème album des désormais 4 garçons (dans le vent). Référence appuyée au « Back in Black » de AC/DC, et aussi un retour aux sources pour le groupe tant il rappelle l’énergie de la scène. Du riff, du rock et du roll avec des chansons qui deviendront à n’en pas douter des standards du répertoire « elmeresque » comme « Ca c’est Rock », « Quand la dame » ou « Lucille ». Cet album est aussi un formidable hommage à Twistos comme AC/CD l’avait fait, en son temps, pour Bon Scott. Mais « Back in Beat » n’est absolument pas un album funèbre ou funeste. C’est un album fun ! Une tournée est déjà annoncée, soit la meilleure façon de défendre ce dernier album et de constater - de visu - qu’Elmer Food Beat, c’est fantastique.

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